mercredi 1 octobre 2014

Bernard-Henri Lévy ou le Crépuscule des idoles



J’ai rencontré Bernard-Henri Levy dans les années 70. J’avais remarqué à plusieurs reprises, dans le journal Le Monde, une publicité concernant des ouvrages publiés aux éditions Grasset, sur lesquels figurait le nom d’une collection « Figures », et celui de son directeur.

La répétition faisant son effet, j’ai été davantage attentif à ces publications, d’autant plus que moi-même je cherchais à ce moment à faire éditer un manuscrit. J’ai pensé qu’il pourrait peut-être y trouver sa place.

Bernard-Henri Levy venait de publier, « la Cause des Femmes » de Gisèle Halimi. Il accueillait dans sa collection l’ensemble de la littérature gauchiste de ces années.

Je lui ai écrit et demandé un rendez-vous. Il m’a invité quelque temps après à venir lui rendre visite chez Grasset. J’avais imaginé une rencontre avec un homme d’un certain âge, et je me suis trouvé devant un jeune archange très grand et très beau.

Il m’a reçu aimablement dans son bureau et m’a promis de considérer mon projet. Il avait l’air affairé. Il s’agissait d’un récit autobiographique qui avait trait plus spécialement au problème de l’identité juive.

« La Blessure », mon récit, m’a été directement renvoyé par ces mêmes éditions, quelque temps après avec une mention sur l’enveloppe « Bernard-Henri Levy ».

J’ai pensé qu’il en avait pris connaissance et me l’avait fait renvoyer sous un mauvais prétexte. Au moment de la publication de son essai « La barbarie à visage humain », j’ai découvert dans une revue, à l’occasion d’une interview qu’il avait donnée à un journaliste, des extraits de mon propre ouvrage.

J’ai été interpellé à ce moment par cette attitude !
 

 

Je l’ai perdu de vue quelque temps. Parfois je le rencontrais à Saint Germain des Prés. Je me souviens d’un jour où je me trouvais au café du chaye de l’abbaye, au coin de la rue de Buci. Il passait par là et m’a apostrophé « Est-ce que tu as vu Jean-Marie Benoist ? ». C’était un des nombreux intellectuels qui faisait partie du groupe qu’il venait de constituer chez Grasset « Les Nouveaux Philosophes ». Il allait décéder peu après.

En fait Lévy s’était fait la main en tant qu’éditeur. Il était lui-même normalien et connaissait très bien son milieu. Il avait du charme et il était intelligent. Il n’eut guère du mal à se faire une place.

Il édita des écrivains tels Jean-Paul Aron, Jean-Paul Dollé, Jean-Marie Benoist et surtout le livre culte de ces années-là « L’ange » de Jambet et Lardreau. Tous ces jeunes philosophes travaillaient autour de la critique du marxisme. Soljenitsyne était passé par là. L’union soviétique s’effondrait. On était à la veille de la fronde de Lech Valesa. Les chars soviétiques étaient entrés à Prague. En France les années Giscard se terminaient et on approchait de 1981, l’année de la prise de pouvoir par la gauche.

Bernard-Henri Lévy se faisait le héraut de ce mouvement de pensée.

 

 

Soudain, en 1977 il publie « La Barbarie à visage humain ». Il cesse d’être éditeur pour devenir lui-même auteur. Il avait le système éditorial en mains et pouvait se lancer lui-même.

L’intérêt de la « Barbarie à visage humain » vient avant tout du moment où ce livre est publié. Il faut considérer que la pensée française était imprégnée de marxisme. Même les plus réfractaires à cette idéologie avaient été antérieurement membres du parti communiste.

Malraux avait été marxiste, Camus également, un court espace de temps. Sartre bien sûr. Seuls Raymond Aron et Levinas ne l’avaient sans doute jamais été.

Or Bernard-Henri Lévy clamait tout à coup une chose importante « l’Histoire n’existe pas ! ». D’une certaine manière il brisait un tabou de la pensée française.

A Beaubourg il réunissait autour de lui, pour une conférence, toute l’intelligentsia parisienne. Il était comme un jeune prophète. On se pressait pour le voir et pour l’entendre.

Pivot l’accueillait évidemment à « Apostrophes », et son émission qui réunissait les jeunes philosophes eut un grand succès.

Dans les années 70, Levy a réuni autour de lui la fine fleur de l’intelligencia parisienne de droite comme de gauche. Il l’a éditée. C’était en quelque sorte sa garde rapprochée.

Puis il s’est édité lui-même et à partir de ce moment il n’y a plus eu de place pour personne. Tous ces jeunes intellectuels ont disparu. Personne ne sait ce qu’ils sont devenus.

On ne peut s’empêcher à cette occasion de penser à Bonaparte, écartant tous ses rivaux avant d’accéder au pouvoir.

Lévy appartenait par ailleurs par son père à une dynastie commerciale puissante au Maroc. Ce dernier était  marchand de bois et travaillait en collaboration avec le frère du Roi. Mitterrand avait assisté à son mariage. Il était encore très jeune. Il possédait d’ores et déjà la puissance.

 


Et là nous arrivons à un point important, celui de l’antisémitisme qui pourrait, selon certains, se manifester à l’encontre de Bernard-Henri Lévy.

Le juif peut difficilement concevoir la publication d’un livre sans son impact dans le réel, c’est-à-dire sans le fait qu’il puisse se communiquer très largement.

Il y a bien sûr des exceptions. Kafka n’a jamais vendu beaucoup de livres et d’autres écrivains juifs également. Nombreux sont morts dans la misère, quand ils ne se sont pas suicidés.

Cependant, et ceci est d’importance, la loi juive contient surtout des commandements et principes de vie. Il ne s’agit pas d’une mystique mais d’une relation à la réalité concrète.

Beaucoup d’écrivains et d’artistes peuvent parfaitement s’exprimer sans souci d’aucun succès et d’aucune rentabilité. Ils le font selon leur désir. Pour les écrivains juifs, il y a plus. Pour qu’une œuvre vaille vraiment, il faut qu’elle ait une authentique implication dans le concret. C’est une manière de prendre en compte l’autre, d’aller à sa rencontre.

 

 

Avant de se lancer dans la publication de ses ouvrages, Bernard-Henri Levy s’est d’abord rendu maître des techniques de l’édition. Il y a même investi des capitaux.

Son père, Françoise Verny, l’ancienne papesse de l’édition parisienne le raconte elle-même dans un ouvrage, avait rencontré le patron des éditions Grasset et lui avait demandé si son fils pouvait réussir dans l’édition et dans la littérature. Cette réussite était envisagée sous un angle global, à la fois purement littéraire et en même temps sous l’angle des affaires.

C’est ce qui s’est passé dans le domaine de l’art avec Kahnweiler, le marchand de Picasso. Sa famille lui avait confié un peu d’argent, à condition qu’il le fît prospérer. C’est ce qu’il réalisa grâce aux cubistes. Dans le cas contraire, elle l’eut abandonné.

Pour la plupart des artistes et écrivains, le risque fait partie de leur aventure. Ils affrontent le destin. Ils vont à la conquête du feu. Ce sont des grecs. Telle est la différence essentielle entre le juif et le Grec. L’un représente l’espace tragique, l’autre, l’ordre de la Loi, c’est-à-dire le réel.

En fait cette attitude est très anglo-saxonne. On n’attend pas pour exister l’autorisation du Père, en l’occurrence celle de l’éditeur. On prend ses affaires en mains. On est à soi-même son propre Père.

Ce comportement est très différent de celui des écrivains dans les pays catholiques. Ici n’est pas intervenue LA REFORME.

Un artiste ou un écrivain, dans ces pays, prend en général le risque de l’autre.

BHL n’a jamais pris ce risque. Il n’a jamais pris le risque de la nuit. Il est lui-même éditeur.

C’est ce qui crée autour de lui cette atmosphère de suspicion. On admire d’un côté et de l’autre on n’y croit pas. Il ne joue pas sans filet.

 

 
Par ailleurs son accoutrement ! Depuis toujours il porte une chemise blanche largement ouverte sur la poitrine. Et certes Byron auquel il prétend sans doute ressembler était lui-même narcissique et devait aimer son image. Il était d’ailleurs très beau.

Mais Byron précisément a dépensé une grande partie de sa fortune, qui était immense, à aider les Carbonari et autres insurgés, contre les Turcs. Il est mort à Missolonghi en Grèce. Il était un héros tragique. Il ne se faisait pas prendre en photo, la chemise ouverte, dans les ruines de Sarajevo.

La compagne de Lévy, comme lui à l’affut de la publicité, a fini par se manifester au Crazy Horse Saloon en se prenant pour Marlène.

Mais là encore, pour Marlène il y avait un vrai talent et un vrai courage. Elle avait pris des risques contre les nazis. Chez celle-ci, on ressent une volonté de devenir une star, à tout prix. La grandeur, l’élégance ne s’enseignent pas.

 


A partir du moment où un auteur se permet d’aborder des sujets qui touchent à la morale et traduisent une inquiétude à propos de la question de l’Homme, on est en droit de lui demander une certaine tenue, en tout cas une attitude qui ne soit pas trop en contradiction avec les principes qu’il prétend défendre.

BHL a outrepassé ces règles. Entre ses séjours dans la jet set internationale, son palais de Marrakech, l’attitude même de sa compagne provocatrice à souhait, promenant partout sa suffisance, le soupçon est né qu’il n’ait pas écrit ses livres.

En effet je ne suis pas de ceux comme Bernard Kouchner qui parle (il est vrai qu’il y a de cela fort longtemps) de la pensée « jetable » de Bernard-Henri Lévy. Je pense au contraire que ses premiers livres sont importants : la Barbarie à visage humain, le Testament de Dieu, l’Idéologie française. Il me vient à l’esprit que lorsque l’on a écrit de tels livres, un minimum de dignité dans le comportement est requis.

Je ne pense pas non plus que l’on puisse s’afficher impunément avec des individus dont la réputation est pour le moins douteuse. Je pense notamment à Anne Sinclair et Dominique Strauss Kahn, à Alain Delon.

Le compagnonnage avec certains puissants, implique au bout d’un certain temps la compromission.

 

 

Un matin, en 1991, je découvris dans les rues de Paris d’immenses panneaux portant en lettres de feu le nom de BOSNA ! C’était l’annonce d’un film de Bernard-Henri Lévy à propos de la guerre en Yougoslavie.

En fait BHL et quelques autres avaient attiré l’attention du monde à propos de camps de concentration qui auraient été installés par les Serbes dans leur volonté de soutenir leurs compatriotes de Bosnie et de récupérer les territoires alentour, ceux où se trouvaient les « monastères ».

Cet épisode était une séquelle de la guerre froide. Après l’effondrement de l’URSS Milosevic voulait profiter de l’effondrement général pour élargir son espace vital. L’OTAN lui proposa de revenir en arrière. Il ne le céda pas.

Les Serbes avaient toujours été nos alliés, en particulier durant la dernière guerre, où les Croates eux avaient rejoint le camp allemand.

Cette dénonciation était courageuse. Elle dévoilait « l’épuration ethnique ». Cependant c’était une affaire strictement européenne, or c’étaient les USA qui menaçaient de venir mettre de l’ordre.

C’était l’occasion ou jamais pour l’Europe de montrer qu’elle existait. Elle se laissa imposer leur loi par les américains. Ils détruisirent la Yougoslavie.

Ce qui était gênant, c’est que Bernard-Henri Lévy apparaissait comme étant le « supo » de ceux-ci.

On prétendait que c’était surtout le pétrole de la Caspienne qui les intéressait.

 


J’étais à New York lorsque BHL débarqua avec son livre « American vertigo ».

Il sortit la grosse artillerie. « Random House » était le partenaire de Grasset pour publier son livre aux Etats-Unis.

Alliance Française, conférences, émissions de télévision. Tout y est passé. Il était l’invité de l’émission télévisuelle la plus recherchée des Etats-Unis en matière littéraire.

Son livre était intéressant certes. Il s’agissait d’une enquête sur l’Amérique de Georges Bush avec entre autres des interviews de quelques intellectuels et surtout de stars telle Sharon Stone. Il n’apportait rien d’original. Cependant BHL se disait le nouveau Toqueville.

Le New York Times avait peu apprécié l’attitude très provoquante de BHL. Il avait été descendu en flèche et même ridiculisé. Il avait provoqué en duel le journaliste. Cela fit rire tout le monde.

A New York BHL s’était installé au Carlyle où il convoquait la presse. Le défenseur des droits de l’homme se comportait comme un roi.

Il était reçu à l’Alliance Française de New York par Marie-Monique Steckel, sa directrice, qui se faisait une gloire d’avoir accueilli BHL. C’était un événement très mondain.

Tom Bishop le recevait à New York University ainsi que la communauté juive au 92Y, un des lieux les plus huppés de New York en matière culturelle.

 


Et puis il y eu la Lybie.

Kadhafi, bien qu’invité récemment à Paris par Sarkozy, afin de tenter de l’intégrer à la communauté internationale, a passé les bornes. Son peuple se révolte. Il était sain de le soutenir. J’ai moi-même écrit un article à ce propos en ce sens. Mais BHL va plus loin. Il devient un vrai vas-t-en guerre. Et dans la précipitation, le gouvernement provisoire n’a pas le temps de se mettre en place pour créer un régime digne de ce nom et tout bascule dans le terrorisme comme en Irak.

Le résultat de tout cela est plutôt catastrophique. BHL en a tiré un film, et pour le projeter il a acheté une salle de cinéma. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

En Syrie, il craint sans doute de récidiver. Il s’efface.

 

 
Arrive l’affaire de la Russie et de Poutine ! Et là BHL se montre dans son rôle définitif de « supo » des Américains.

Poutine tente de reconstruire son pays après l’effondrement de l’URSS. Tout le monde s’en félicite, à part ces derniers qui, là comme ailleurs, préfèrent entretenir le chaos ou au moins la faiblesse. Une Russie forte entraverait leurs intérêts dans le monde. Ils se veulent toujours dans l’unilatéralité. En conséquence, ils interviennent en Ukraine, au nom bien sûr de la Démocratie, comme ils le firent en Irak. Ils font semblant d’oublier que Kiev, capitale de l’Ukraine est en même temps la capitale spirituelle de la Russie.

Certes Poutine est un peu brutal, mais reconstruit-on un empire avec de bons sentiments ?

En fait celui-ci tente de reprendre le flambeau de l’Occident que les USA et l’Europe laissent tomber à terre. Il tente de reconstruire des valeurs, et d’abord des valeurs religieuses face à la déliquescence française et au laxisme américain.

La sagesse politique consisterait pour l’Europe comme pour les Etats-Unis à s’allier avec la Russie. Elle est blanche et l’adversaire de demain sera sans doute la Chine.

Ils sont aveugles. Aucune vision. Poutine semble en posséder une. Aux derniers jeux de Sotchi dont il a fait une extraordinaire vitrine, il a montré le visage de Dostoïevski aux côtés de Soljenitsyne. Immense symbole, peu relevé par les Occidentaux. C’est la Russie de ses grands écrivains qui revient aux côtés de ses athlètes et de ses danseurs.

BHL à cette occasion, grandiose proposition, invite les Occidentaux à boycotter les jeux de Sotchi. C’est à la fois dangereux, irresponsable et grotesque.

Poutine s’oriente désormais vers l’alliance avec la Chine.

 


Le plus bel exemple de la falsification et du mensonge, c’est lorsque que BHL se dit juif de gauche, juif des Lumières, alors qu’il est un homme de droite dans toute l’acception du terme, par sa fortune d’abord, sa manière de vivre ensuite, son comportement enfin.

Pourquoi persiste-t-il pourtant à se dire de gauche ? Il sait qu’en France, tout ce qui est de droite est ostracisé par l’intelligentsia depuis la Révolution. Lui-même est milliardaire. Il prépare le programme de la Gauche avec Ségolène Royal au fameux hôtel restaurant la « Colombe d’Or » à Saint Paul de Vence (500 euros la nuit).

Désopilant !

 


J’avais admiré après la prise de pouvoir de François Mitterrand en 1981, une tribune dans Le Monde de Bernard-Henri Lévy intitulée « Une nuit à l’opéra » !

Jacques Lang avait réuni à ce moment dans cet établissement, à l’instant même où Jarulevski était reçu à Paris par Mitterrand malgré son invasion de la Pologne, l’ensemble des artistes et intellectuels, en tout cas ceux qui étaient ses sympathisants.

A cette occasion BHL avait publié un article plein d’humour fustigeant les intellectuels de gauche qui servaient de caution au stalinisme.

Etant donné le contenu de ses livres à ce moment, et cette prise de position très claire on eut pû attendre de BHL un positionnement de droite à la Malraux.

Et pourtant il est demeuré un pilier de la gauche.

En fait Bernard-Henri Lévy aurait dû, s’il avait été cohérent avec lui-même, devenir un membre très écouté du gouvernement de Nicolas Sarkozy ou même son ministre de la culture.

Ce sont des affaires privées sans doute qui ont empêché ce ralliement. Il prétend que c’est le fait pour Nicolas Sarkozy d’avoir créé un ministère de l’Identité Nationale qui l’a éloigné de lui.

 

 

Membre du comité de surveillance du journal Le Monde, il est aujourd’hui ridiculisé dans le même journal à propos de sa dernière pièce de théâtre, « Hôtel Europe », marque étonnante de courage de la part d’une journaliste du même quotidien. Gageons que BHL ne la provoquera pas en duel !


 

En fait Bernard-Henri Lévy est atteint de ce que l’on pourrait appeler la maladie du Moi. Ce qui aurait pu être une aventure intellectuelle intéressante est devenue une course éperdue à l’affirmation maladive de soi-même : se montrer à tout prix, prendre la parole à tout propos, légiférer sur tout et sur n’importe quoi si bien que ses plus fervents défenseurs éprouvent désormais un immense malaise à le voir ou à l’entendre.

Que la communauté juive continue à soutenir sa promotion n’est pas à mon avis très judicieux. Il donne des juifs une image exécrable.

Certains lieux parisiens dont la vocation est de promouvoir la culture juive pensent que ce serait l’antisémitisme qui s’exercerait contre lui, et que si la presse trouve sa dernière pièce de théâtre déficiente, c’est pour cause de racisme.

Ils font erreur. C’est son comportement qui est créateur d’antisémitisme. Que le CRIF l’invite prochainement à un débat ainsi nommé « Les juifs doivent-ils partir ? » est significatif. Celui-ci n’a rien compris.

J’ai toujours pensé qu’en cas de « catastrophe » en France, des gens comme Bernard-Henri Lévy seraient susceptibles de donner des conférences aux Etats-Unis ou ailleurs, chèrement payées sur les raisons de la montée de l’antisémitisme en France.

 

 
Mais Bernard-Henri Lévy légifère également en matière d’art. Rien ne lui est étranger. Et l’on peut s’étonner d’ailleurs qu’il n’ait pas encore développé ses talents en matière poétique, ni en matière musicale. Mais ne soyons pas impatients. Cela va venir. Ce sera toujours évidemment en compagnie des instances étatiques ou privées les plus prestigieuses telle la galerie Maeght à Saint Paul de Vence.

La mesure en toute chose est recommandée. Ici il y a trop, trop de médias, trop d’argent, trop de mépris. L’équilibre nécessaire n’est pas préservé.

Personne n’en veut à Bernard-Henri Lévy. Apparemment il s’éclate. On est heureux pour lui.

Mais on a envie en même temps de lui dire : un peu de modestie, un peu d’humilité ! Et s’il souhaite comme il le prétend avoir une vie héroïque, il faut qu’il sache mourir en silence et ne pas se faire prendre en photo sur son terrain d’agonie.

 

 
BHL fulmine à présent contre la montée du Front National, alors que ce sont des hommes comme lui qui en sont les premiers créateurs, par leur morgue, leur provocation, leur volonté de puissance et leur mépris de l’autre.

En tout état de cause, je pense que BHL fait beaucoup de mal aux juifs. Il donne d’eux un visage tronqué et je ne comprends pas que Elie Wiesel ait pu lui conserver son amitié.


 

J’ajouterais que les noms qui se transforment en « logo » portent en général malheur à ceux qui se prêtent à ce jeu : DSK, JFK.

Le seul « logo » tolérable c’est « Yavé », le nom de Dieu. Tous ceux qui l’imitent ou l’usurpent tombent inéluctablement dans la trappe de l’histoire.

 

 
Bernard-Henri Lévy me fait penser à Valéry Giscard d’Estaing. Dans une interview récente à la télévision on demandait à celui-ci s’il n’avait pas été blessé par son échec de 1981.

Il déclarait qu’après les élections il était parti en Grèce méditer au mont Athos.

On se disait alors qu’il était un homme à dimension métaphysique, qui méditait sur les grandes questions du pouvoir, de la vie, de la mort.

On admirait.

Et puis il ajoutait « j’ai emmené trois photographes avec moi »

Pour BHL c’est la même chose. Il n’y a rien à ajouter.

Edouard VALDMAN

mercredi 11 juin 2014

Pour l’Europe


Le Front National ne correspond pas tout à fait à l’image que l’on donne de lui aujourd’hui. Il s’inscrit à l’intérieur d’une longue tradition du nationalisme français dont les maîtres furent jadis Maurras, Barrès. Ils étaient antisémites, ce qui a jeté sur celui-ci un voile de suspicion, en particulier, en considération du comportement de l’extrême droite française à l’occasion du dernier conflit mondial.

Il demeure chauvin, anti-européen et dans une certaine mesure voué à l’exclusion.

Cependant, l’évolution de l’Eglise catholique et la Repentance qui ressource celle-ci au tronc judaïque, devraient avoir sur lui une influence décisive. Il est aujourd’hui pro-israélien et anti-islamique.

Malgré les propos inconsidérés tenus par Jean-Marie Le Pen, celui-ci n’apparait pas authentiquement antisémite. En tout cas il demeure le garant de valeurs nationales. Il a sans doute la nostalgie de la monarchie. Il se veut gardien d’une mémoire française, de celle de l’Empire.

Si le vote des Français aujourd’hui s’est porté en majeure partie sur celui-ci, c’est moins en raison des valeurs qu’il défend que par un rejet de l’Europe telle qu’on la lui présente et de la gouvernance telle qu’elle est exercée.

Et d’abord de quelle Europe leur parle-t-on ?

Les règles à l’intérieur de celle-ci sont de plus en plus rigides. On assiste à une désertification des campagnes due à la prépondérance des sociétés multinationales que l’Europe devrait juguler et qu’elle ne fait que subir sinon accroitre.

Dans le plus petit village de France, le commerce a disparu au profit de la grande distribution. La jeunesse est contrainte de le quitter pour gagner la ville et grossir le prolétariat de masse.

Or, c’est ici précisément que l’Europe devrait agir pour sauvegarder le tissu social de base. Elle ne le fait pas. L’opinion perçoit qu’elle vend l’âme du pays au plus offrant, c’est-à-dire au capitalisme international

C’est là que le problème se pose, la préservation de l’âme de la France face à la consommation, qu’elle soit américaine, chinoise ou autre, et qui tend aujourd’hui à asservir l’univers.

Qu’est-ce que l’Europe ?

Contrairement à ce que l’on pense communément, elle ne coïncide pas avec la seule idéologie française, en particulier celle de la Révolution. L’Europe, ce sont avant tout des valeurs spirituelles.

Les Rois ont fait la France, ainsi que l’Eglise catholique. Napoléon l’a bien compris, qui, à peine la Révolution achevée, s’est empressé de signer le Concordat avec le Pape, comprenant que l’Eglise est un des fondements de la communauté française.

C’est pourquoi faire débuter l’histoire de la France avec celle de la Révolution comme le fait la gauche aujourd’hui est une erreur insigne.

L’histoire de la France a plus de 1000 ans, celle de l’Europe également. Les grandes batailles à l’intérieur de celles-ci ont été des batailles religieuses et spirituelles, celles entre les catholiques et les protestants, entre les catholiques et l’Islam.

L’Allemagne est protestante, la Grande Bretagne également, et aujourd’hui la France, avec sa laïcité, fait piètre figure face à ces pays demeurés religieux.

L’Europe est spirituelle, et le moindre paradoxe n’est-il pas qu’à Paris, ville des Lumières, tout ce qui est grand, de Notre Dame au Louvre, est religieux et royal ?

Ce qui nait avec la Révolution française, c’est la mégalomanie Napoléonienne, son génie et son despotisme et bientôt à sa suite la ruine et la désolation.

Que représentent les guerres de Louis XIV comparées à celles de la Révolution et de l’Empire, à celles de 1870, de 1914 et de 1940 ? Le peuple enfin souverain, à travers ses représentants, donne là toute sa mesure, le déferlement de l’horreur.

Il n’y a plus de nobles, certes, mais le bourgeois se montrera beaucoup plus sanguinaire. Il n’a plus que des intérêts économiques à défendre. Balzac sera le héraut de ce temps. Rimbaud quittera cette société de boutiquiers et Baudelaire en chantera les odeurs nauséabondes.

A partir du moment où on a tué le roi, symbole du Père et de l’autorité et ou on a tenté de tuer Dieu, on est entré en décadence. Nous sommes au terme de ce chemin, au point zéro de la mort de Dieu, au bout de la laïcité.

C’est cela la crise de l’Europe. Elle est avant tout la crise de la France

L’Allemagne, grâce au protestantisme, à l’instar des Etats Unis, conserve une relation à la religiosité. C’est celle-ci qui est à la base de son économie florissante.

Ainsi, en Europe, le grand clivage intervient entre les pays catholiques, les pays protestants et la France laïque.

Le seul espoir en France : les mouvements contre le mariage pour tous, gages sans doute d’une spiritualité renaissante.

Mais l’Europe est bien davantage que cela. Ici réside une des carences fondamentales des hommes politiques d’aujourd’hui. Aucun n’évoque ses sources intellectuelles et spirituelles.

L’Europe, c’est d’abord la Grèce, c’est-à-dire la beauté, l’art et la science. C’est également Rome et le sens de l’Etat. C’est aussi la chrétienté.

Face au marché américain, au communisme chinois et à l’empire russe renaissant, elle est d’abord le lieu de l’harmonie, celui de la beauté et peut être de la démocratie.

Ce que nous devons avant tout préserver, c’est le sens de l’Homme. C’est nous qui l’avons inventé en même temps que la dimension Tragique.

Le sens du Tragique ne peut se résumer à la préservation d’avantages sociaux. Il est avant tout celui de l’héroïsme, de la présence au monde, de la création au sens le plus élevé du terme

C’est celui qu’évoquent Nietzsche,  Camus. C’est celui que manifestent Mozart, Bach, tous ceux qui ont fait la grandeur de l’Europe, contre les asservissements du marché et contre ceux de l’Histoire.

Le dernier cataclysme a durement secoué l’Europe. De quoi s’est-il agi exactement ?

Le matérialisme marxiste a constitué à un certain moment un immense danger pour l’Europe, une menace contre la civilisation

Face à ce détournement d’une pensée d’origine  judaïque mêlée à l’hégélianisme, la seule opposition de même nature perverse s’est trouvée être le nazisme.

Deux pensées perverses, habilement travesties, se sont partagées l’Europe, l’une issue du judaïsme, l’autre prétendument issue de la Grèce.

L’Europe a trouvé en elle l’énergie de les combattre et de les vaincre, en alliance avec les Etats Unis et avec la Russie. Elle s’est redressée. Nous en sommes là.

En tout état de cause, l’Europe ne pourra se constituer qu’autour de valeurs spirituelles. Elle devra se dire catholique, protestante, juive, laïque. Elle devra se dire plurielle. Elle ne pourra triompher que par sa Culture.

Et certes, les impératifs économiques sont importants. La France doit se libéraliser, renoncer à son sectarisme bureaucratique et si elle veut conserver ses acquis sociaux, elle ne pourra le faire qu’à travers une paradoxale flexibilité.

Mais la vraie réforme est celle de l’Esprit. L’Europe doit revenir à ses sources grecques, romaines, chrétiennes. Elle doit retrouver le sens du Sacré.

Ce qui est dangereux aujourd’hui c’est l’absence totale de référence à ces valeurs. Jacques Chirac refusait que la Constitution européenne ne porte la trace de ses origines chrétiennes.

Jean Marc Ayrault récemment évoquait « l’absence de spiritualité en France », comme une exigence politique.

Cependant comme le disait admirablement Monseigneur André XXIII récemment : « L’Europe n’a pas besoin de se dire chrétienne. Elle l’est ». 

Quant à la démocratie, elle est un idéal, celui de la mesure, la foi en la collaboration des classes. Elle est née à Athènes sous Périclès et excluait à ce moment les femmes, les esclaves et les métèques.

Elle a fait long feu à partir du moment où cet équilibre n’a pu être sauvegardé, ou Athènes n’a pas su établir la paix entre les Cités.

De la même manière, à chaque fois que les contradictions à l’intérieur de la France sont trop fortes, que l’équilibre entre la droite et la gauche se détériore, la menace d’un régime autoritaire apparait sous l’égide du Front National

Celui-ci met le doigt en fait sur la mort du Roi, sur le Parricide et sur le déficit symbolique qui en résulte, sur le problème du père et de l’autorité.

Il met le doigt sur notre blessure.

En 1793, nous avons abattu la royauté et tenté de tuer Dieu. Depuis ce temps nous essayons désespérément de reconstituer l’image du Père à travers une succession de régimes depuis celui de Bonaparte jusqu'à la 4ème République qui a sans doute été le régime le plus impérialiste de la France et qui a créé notre empire.

La France vit ainsi, supportée par des béquilles, avec la gauche qui revendique l’héritage de la Révolution et avec la droite qui intègre davantage la mémoire royale et religieuse de la France

A chaque fois que cet équilibre est rompu, le parti national gagne du terrain. Il est le refuge des mécontents, des nostalgiques, des revanchards.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les idéaux de la gauche, c’est-à-dire ceux de la Révolution française, la laïcité, les Droits de l’Homme, l’égalitarisme sont proches de ceux du Front National. Tous deux sont les adversaires de l’universalisme, du cosmopolitisme, du libre-échange, tous deux sont les adversaires du libéralisme. Tous deux sont des nationalismes et le national-socialisme est l’expression même de leur alliance.

Si la France entend sauvegarder ses valeurs, il faut qu’elle retrouve un équilibre entre ces deux grandes formations, la gauche et la droite.

Il faut que la droite revienne à ses sources spirituelles et sauvegarde l’héritage religieux de la France, sa mémoire.

Il faut que la gauche expulse ses tentations marxistes, sectaires et bureaucratiques

La France doit retrouver à l’intérieur de l’Europe sa vraie vocation qui est de préserver la mesure, les valeurs spirituelles venues de la Grèce, de Rome et de la chrétienté, la dimension tragique.

Telle est sa vocation. Elle ne doit céder en rien aux appels de la tentation autoritaire, de quelque côté qu’elle vienne, du matérialisme historique ou du nationalisme chauvin.

Napoléon, Charlemagne, Charles Quint, tous ont vécu dans la nostalgie de l’Empire romain et tous ont tenté de reconstruire celui et de bâtir en même temps l’Europe.

Celle-ci est moins un empire territorial qu’une création de l’esprit. Si nous voulons la protéger contre les tentations autoritaires de tous les bords, il faut d’abord la reconstruire sur la base de la tolérance et faire à l’intérieur de celle-ci l’unité entre ces différents héritages spirituels. Nous devons unir Athènes, Rome et Jérusalem et être inébranlable sur cette foi.

Quant au problème de l’immigration, il y a deux facteurs essentiels qu’il convient de considérer. D’abord il est normal que l’on souhaite pénétrer à l’intérieur de l’union européenne. Elle est un Eldorado pour beaucoup d’immigrés. Nous devons en être fiers.

Par ailleurs nos sociétés sont vieillissantes, nous avons besoin de cet apport plus jeune et plus dynamique. Mais le véritable problème est celui de notre identité.

De même que les USA ont pu intégrer de nombreux immigrés parce que leur structure de base était la religion protestante alliée aux Lumières, nous devons nous même opposer à l’immigration une identité forte et précise. Nous devons savoir d’abord qui nous sommes et affronter celle-ci à l’aide d’une véritable identité européenne basée avant tout sur des valeurs spirituelles.

L’identité française actuelle, la laïcité est insuffisante pour faire front à ce problème. La citoyenneté française est un leurre telle que conçue aujourd’hui. Ses principes sont les mêmes que ceux qui ont été incapables de juguler en 1940 « les extrémismes de notre temps ». Cette identité s’est effondrée devant Hitler et Staline.

Aujourd’hui notre identité est négative. Elle est un déni. Elle est un non être.

Seule une identité européenne puissante peut relever le défi.

Edouard VALDMAN

Harro sur Poutine !

On a beau jeu aujourd’hui en France de brocarder Vladimir Poutine. Il serait un dictateur à la tête d’une mafia composée d’individus corrompus qui peuvent vous envoyer au goulag pour un oui ou pour un non.

Les élections qui l’ont porté au pouvoir auraient été truquées. En un mot, entre Staline et Poutine, il n’y aurait pas vraiment de différence, quelques nuances seulement compte tenu du contexte international.

Le gouvernement de la Russie serait toujours totalitaire.

La France a l’habitude de juger les autres d’après ses critères et valeurs. On connait celles-ci, la laïcité,  le droitdelhommisme, ce qu’elle nomme la tolérance et qui s’apparente à s’en méprendre au laxisme le plus total.

Ses grandes conquêtes intellectuelles et spirituelles récentes sont le mariage pour tous, l’accueil de la théorie du genre, la confusion en fait de toutes les valeurs qui l’ont constituée jusqu’à ce jour.

Dans la cathédrale Notre Dame récemment à Paris des  « Femen », femmes s’exhibant les seins nus, se sont livrées à la violation de l’espace sacré.

Il n’y a eu aucune poursuite. Au contraire elles se sont retrouvées en effigie sur les nouveaux timbres : elles figurent désormais Marianne.

Vladimir Poutine a été confronté récemment au même problème. Les « Pussy riots » ont violé l’espace sacré d’une église russe. Elles ont fini en prison et ont été condamnées.

En Tchétchénie, Poutine s’est montré inflexible. Il a fait la guerre au terrorisme. Ce pays risquait de faire sécession profitant de la faiblesse de la Russie renaissante.

Les bonnes âmes se sont émues et comme nécessairement il a été traité d’assassin par des intellectuels français.

La France entreprend de son côté une guerre au Mali et en Centrafrique contre le terrorisme. Elle envoie ses troupes au compte-goutte. Elle ménage la chèvre et le choux et tente de faire faire le sale boulot par les autres. Elle vient d’appeler l’Europe à la rescousse.

Poutine nomme les choses et prend les mesures adéquates. Il est conséquent. Il n’a aucune indulgence envers le terrorisme.

Par ailleurs Vladimir Poutine ne pense pas qu’il soit normal que toutes les mœurs soient bonnes à accueillir. Il ne croit pas qu’il soit normal qu’un homme puisse se marier avec un autre homme ni une femme avec une autre femme. Il nomme les différences. Il croit qu’il y a des codes, des traditions, une normalité. Il croit qu’il y a du sacré.

La Russie soviétique avait tenté de détruire la religion dans la droite ligne de la Révolution Française. Staline a persécuté les églises et la lutte de Jean-Paul II aux côtés de Solidarnosc en Pologne a été un épisode décisif de la résistance, contre le totalitarisme.

Qui aurait pu penser il y a très peu de temps, que ce serait de la Russie que nous viendrait aujourd’hui un retour des valeurs.

L’Union Soviétique est morte que beaucoup d’intellectuels français, il faut le rappeler, ont soutenu de toutes leurs forces.

Poutine reconstruit du religieux. Il tente de refonder la Russie sur ses valeurs immémoriales.

Les jeux olympiques de Sotchi ont été pour lui une exceptionnelle opportunité, lui permettant de faire connaitre au monde sa volonté de rebâtir son pays.

Le spectacle qu’il a donné, particulièrement somptueux, à l’occasion de ces jeux, a accru sans doute son influence dans le monde, et attiré en même temps l’envie. Il a par là même annoncé le retour de la Russie sur l’échiquier mondial, en exposant à côté du sport  les valeurs russes, la danse, la musique, la grande littérature.

Le fait de dévoiler au monde le visage de Soljenitsine aux côtés de celui de Doïstoïveski et de Tolstoï a été un très grand moment de télévision mondiale, et surtout un signe très important de la volonté de bâtir désormais une Russie plus tolérante.

Le succès russe aux jeux de Sotchi en ont été un autre.

L’Europe en mal de formation, ainsi que les Etats-Unis ont profité de ces jeux pour tenter de déstabiliser l’Ukraine. Elles craignent le retour en force de la Russie sur la scène mondiale.

D’aucuns ont même suggéré de les boycotter. Triste plaisanterie !

Nul ne tenterait de prétendre que le Président de celle-ci fraîchement exilé représente un idéal politique et le peuple a sans aucun doute bien fait de s’en débarrasser.

Mais à qui ferait-on croire que Kiev, la capitale religieuse de la Russie bien avant Moscou, puisse devenir une ville européenne ? Cela sent la manipulation à plein nez.

Que l’Amérique, à cette occasion évoque la démocratie, cela fait rire le monde qu’elle met par ailleurs sur écoute. Quand elle entre en Irak, ou ailleurs sans autre forme de procès, et détruit ces nations sans doute est-ce aussi cela la démocratie !

Il est à espérer que l’Ukraine se choisisse un gouvernement de son choix. Comme tous les peuples elle a le droit à la liberté mais l’Europe aurait tort de se joindre aux apprentis sorciers.

Quant à notre grand comédien Gérard Depardieu il a sans doute vu juste. Certes Poutine est un peu brusque pour les français. Nous sommes apparemment plus délicats. Nous n’avons pas eu de goulag. Nous n’avons eu que Drancy.

Pour juger les autres et les condamner ce qui est toujours dangereux, il faut avoir les mains propres.

Allons d’abord nous les laver.

Poutine relève à terre les valeurs de l’occident que le marché américain piétine chaque jour davantage et que l’athéisme français méprise de plus en plus.

Il possède l’expérience de ce qu’a été le totalitarisme, venu directement des « LUMIERES » françaises, même si elles ont été dévoyées et que nous avons très longtemps soutenu.

Quant à la Syrie, qui ne déplorerait les milliers de victimes de la guerre civile, mais qui ne constaterait en même temps que là comme en Lybie, le choix désormais semble se situer entre les terroristes d’Al Quaida et les potentats en place.

On a abattu Kadafi, c’est Al Quaida qui est venue.

A moins que les Etats-Unis et l’Europe à leur suite aient désormais intérêt à installer le chaos dans ces pays comme Bush l’a fait en Irak. Ce pourrait être effectivement leur stratégie !

En tout cas Poutine là encore semble défendre un certain ordre dont nous n’avons pas complètement à nous plaindre. Bachar el Assad protège les catholiques de Syrie.

Cela gêne sans doute le gouvernement laïc français. Il faut lui rappeler cependant que nous sommes encore pour quelques temps peut-être dans une civilisation judéo chrétienne, et que seul Poutine semble s’en souvenir

La solution ne se trouve sans doute pas dans la politique provocatrice de la France et celle des Etats-Unis vis-à-vis de la Russie, constitués par des menaces stériles « retrait du G8 » et autres épouvantails à moineaux.

L’Europe devrait au contraire, prendre conscience, comme l’avait fait le Général de Gaulle, de son intérêt à se rapprocher de la Russie. Elles possèdent une longue histoire en commun.

Celle-ci, loin d’être une ennemie de l’Europe, doit être sa partenaire privilégiée et son alliée. La Russie est blanche, ne l’oublions pas, comme nous-même, dans un contexte international de plus en plus dominé par l’Asie. Elle est une société chrétienne, même si les bureaucrates de Bruxelles ou ceux de France veulent passer ses origines religieuses sous silence.

L’Amérique est en train de se dissoudre dans une globalisation qu’elle prétendait dominer jusqu’à ce jour. Elle tend à abolir les frontières entre les nations, au profit des multinationales dont elle risque elle-même d’être prochainement la victime.

La Russie peut-être demain notre rempart contre une Chine trop puissante. En tout état de cause elle est un élément fondamental de l’équilibre mondial.

Les Etats-Unis se pensent toujours comme les dirigeants d’un monde unilatéral révolu. L’Europe laisse apparaître ses divisions. L’Allemagne et la Grande Bretagne font bande à part.

En Ukraine, les partis sont eux-mêmes divisés entre les pro européens et les pro russes. Querelle stérile ! La dette est considérable. La vérité incontournable est que l’Ukraine a besoin de la Russie.

La solution : que l’Ukraine choisisse librement son destin, sans intervention aucune de part et d’autre. On ne peut douter qu’elle élise sans doute une certaine autonomie dans le cadre d’une union privilégiée avec la Russie. Son intérêt n’est en aucun cas dans une partition. Kiev demeure la capitale spirituelle de la Russie.

Les points essentiels de cette affaire : les équivoques de l’Europe en mal de formation, les provocations absurdes de l’Amérique, la volonté de Vladimir Poutine de reconstruire la Russie éternelle dont la puissance est indispensable à l’équilibre mondial.

Dans notre aveuglement nous ne voyons pas que Vladimir Poutine est peut-être notre espoir comme Byzance le fut un moment pour l’empire romain d’occident devant la montée des barbares.

La vérité c’est que l’impuissance des Etats-Unis et celle de l’Europe qui se font jour à travers l’affaire ukrainienne lisent dans la résurrection de la Russie l’annonce de leur propre chute.

Edouard VALDMAN